Le télétravail est-il forcément plus écologique ?

Publié le :
October 14, 2022
Mis à jour le :
December 16, 2023
Par :
Lydia Bougherara
Thème
Remote

Aussi perturbant et challengeant qu’il ait été, le premier confinement survenu en mars 2020 a permis d’éveiller les consciences… et de changer nos habitudes ! Selon l’Insee, 22 % des salariés français ont télétravaillé en moyenne chaque semaine en 2021. À l’échelle de la planète, ces télétravailleurs se sont chiffrés, en 2020, en millions de personnes (environ 557 millions, selon l’Organisation internationale du travail). 

Qu’en est-il de l’impact écologique du travail à distance ? La team Juliette a mené l’enquête ! 🧐

Télétravail et environnement : un combo gagnant ?

Selon l’étude de l’ADEME intitulée « Télétravail, (im)mobilité et mode de vie », 60 % des télétravailleurs estiment que le travail à la maison leur permet de mieux gérer leur stress et/ou d’améliorer leur concentration.

👉 On a d’ailleurs consacré un article entier au sujet des avantages principaux du télétravail (gain en productivité, bien-être des salariés, plus grande liberté et flexibilité…). 

Et côté planète, alors : le télétravail est-il aussi vertueux qu’on le prétend ? 

Ça paraît évident. Qui dit “travail à distance” dit “réduction des temps de transport” !

Selon l’ADEME, une journée en télétravail réduirait de 69 % le volume de nos déplacements par rapport à une journée en présentiel… Le gain potentiel serait donc énorme - car le fait de réduire les déplacements (notamment ceux en voiture) a un impact direct sur notre émission de gaz à effet de serre - dont le fameux CO2.   

74%

C’est la proportion de Français qui, d’après une étude réalisée par l’Insee en 2017, vont travailler en voiture, même pour réaliser de courts trajets (inférieurs à un km)... On comprend donc mieux pourquoi, selon l’ADEME, quelque 3 200 tonnes de CO2 seraient évitées chaque semaine grâce au télétravail ! 

 

💡  Bon à savoir 

Grâce au simulateur mis en place par l’ADEME, il est possible d’évaluer en quelques clics les émissions de CO2 que l’on peut éviter grâce au remote

Pour ce faire, c’est simple : il suffit d’indiquer son adresse et celle de son lieu de travail. Ensuite, le simulateur évalue la quantité de CO2 émise par un(e) salarié(e) pour aller travailler. Celle-ci varie grandement selon le mode de transport choisi (bus, voiture, scooter, etc). 

Vous avez dit “effet rebond” ?  

En fait, dire que le télétravail est une pratique fondamentalement écologique pour la seule raison qu’elle supprime le trajet domicile-travail est bien trop simpliste. On vous explique : 

Le télétravail crée de nouvelles consommations

Selon l’ADEME, une journée de télétravail permet d’économiser 271 kg équivalents CO2 par an… En théorie. En pratique, pas tellement… car, une fois pris en compte les effets rebonds du télétravail, ce nombre baisse considérablement.

💡 Par “effet rebond” du télétravail, on désigne une augmentation de consommation directement liée à la pratique du travail à distance. Par exemple, travailler depuis chez soi implique (en hiver) de se chauffer davantage, de consommer plus d’internet ou de données mobiles… Bref : ça augmente notre consommation énergétique individuelle.  

L’enseignant chercheur Patrice Tissandier a souhaité mesurer, à travers des simulations, l’impact du télétravail sur la ville de Lille. Résultats ? Les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites de 3 à 5% seulement ! 

Le télétravail allonge les distances

Eh oui : si le télétravail rime avec liberté et flexibilité, alors il nous permet… de pouvoir choisir le lieu de vie qui nous convient vraiment ! Selon l’ADEME, 45% des Français.e.s seraient prêts à choisir un lieu de résidence plus loin de leur emploi depuis le confinement. L’inverse marche aussi : presque 1 Français sur 2 (48,2%) serait prêt à choisir un emploi plus loin de son domicile. 

Problème : en déménageant loin de son lieu de travail, on allonge la distance qui sépare ce dernier de notre lieu de vie (logique, nous direz-vous)… Or, un gros trajet effectué plusieurs fois par semaine pour quelques jours de présentiel, ça pollue autant qu’un trajet plus court effectué tous les jours ! Au global, l’empreinte carbone n’est pas réellement allégée, donc. 

Le télétravail augmente la pollution numérique

Eh oui matelot : pour travailler efficacement en équipe, il faut communiquer… et c’est d’autant plus vrai en télétravail (sinon, bonjour la rétention d’informations et la perte de productivité). Problème : le travail collaboratif à distance nécessite de multiplier les visioconférences, de recourir à divers outils digitaux… Et tout ça, ça sollicite des serveurs particulièrement énergivores

 D’après une étude américaine réalisée en 2021, entre 150 et 1000 grammes de CO2 seraient dégagés lors d’une réunion Zoom d’une heure (la quantité variant énormément selon la qualité de la vidéo).

💡  La pollution numérique est responsable en moyenne de 4% des émissions de gaz à effet de serre ! 

Télétravail et écologie : c’est oui ou bien c’est non ? 

Bon, on tourne un peu autour du pot pour une raison simple : il n’existe pour l’heure aucune réponse tranchée à la question. 

Normal : le télétravail est un phénomène encore nouveau, qui n’a pas encore été très étudié et qu’on ne maîtrise pas encore très bien. C’est ce que résume la chercheuse au CNRS Nathalie Lazaric auprès de franceinfo, lorsqu’elle dit : “À l'heure actuelle, on ne sait pas encore si le télétravail a un effet bénéfique sur les consommations d'énergie de la société dans son ensemble.” L’impact concret des effets rebonds du télétravail est également inconnu ! 

Bref : s’il est certain que le travail à distance améliore le confort et la productivité des collaborateurs, on est loin de pouvoir affirmer qu’il permet de réduire notre consommation énergétique de manière significative ! 

 

La conclusion de Juliette 

Remote écologique, pas écologique… Pour l’instant, on n’en sait rien. Et, au final, l’essentiel est peut-être ailleurs. Quel que soit son impact réel sur la planète, le télétravail est l’occasion de revoir ses méthodes de travail et de replacer le bien-être (de l’Homme et de la planète) au centre de la question ! 

Et si, l’idée n’était pas de se dire “est-ce que le télétravail est écolo ?” mais plutôt “qu’est-ce que je peux faire pour que cette pratique soit la plus vertueuse possible ?”

Ou comme le résume mieux que nous Arnaud Leroy, l’ancien Président-Directeur général de l’ADEME : 

« Réduire ses déplacements, consommer local, limiter le gaspillage sont autant d’habitudes qui peuvent avoir un impact non négligeable sur notre empreinte carbone. L’enjeu est maintenant d’accompagner et soutenir ce désir de changement pour les inscrire dans la durée, en faveur de la transition écologique. »


Pour aller plus loin

  • Yves Jauneau,  “En 2021, en moyenne chaque semaine, un salarié sur cinq a télétravaillé”, Insee.

  • Télétravail, (Im)mobilité et modes de vie”, ADEME

  • Chantal Brutel, Jeanne Pages, “La voiture reste majoritaire pour les déplacements domicile-travail, même pour de courtes distances”, Insee.

  • Patrice Tissandier, Sophie Mariani-Rousset, “Les bénéfices du télétravail

  • “Le télétravail, ça change quoi pour la planète ?”, https://agirpourlatransition.ademe.fr/

  •  “Crise sanitaire : vers des modes de vie plus écologiques ?”, ADEME presse

  • Renee Obringer et al, “The overlooked environmental footprint of increasing Internet use

  • Quang Pham, “Plan de sobriété : le télétravail permet-il vraiment de faire des économies d'énergie ?”, franceinfo

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