Nous l’avons vu dans notre premier chapitre sur les coraux constructeurs de récifs : le corail est un petit animal qui cache bien son jeu… Et, ce n’est pas Sandrine Treyvaud, de l’Association Ocean Quest, qui vous dira le contraire : “Ce sont des animaux qui vivent en collocation avec des végétaux : des algues, et qui habitent dans une maison minérale qu’ils construisent eux-mêmes” !
À la fois animal, végétal et minéral, le corail recouvre à lui seul 0,25% de la planète (une colonie entière de coraux peut peser plusieurs tonnes ! 😳 ) et abrite pas moins de 25% des espèces marines (poissons, algues, éponges, etc.). Tout ça fait des récifs coralliens un des écosystèmes les plus importants de la planète. 🌍
Préparez votre tuba et vos palmes, dans ce nouveau chapitre sur les coraux constructeurs de récifs, nous partons à la découverte de tous les “colocataires symbiotiques” du corail !
Les polypes des coraux constructeurs de récifs hébergent des algues microscopiques, qui s’appellent les zooxanthelles. On dit qu’ils vivent en collocation, ou encore en symbiose, car ils se rendent mutuellement des services ! Entre eux, c’est donnant-donnant :
En échange, le corail rend, lui-aussi, service à la petite algue :
Au final, la survie de l’algue dépend du polype et la survie du polype dépend de l’algue. C’est ce qu’on appelle une symbiose totale ! 💙
Cette symbiose permet aussi au polype de construire son exosquelette (la partie minérale). Eh oui, n’oubliez pas que les coraux constructeurs de récifs sont appelés ainsi, car ils construisent un squelette minéral dans lequel ils habitent. Et quand ils s'étendent, ça forme des récifs !
Vous allez voir que les algues zooxanthelles ne sont pas les seules à avoir le privilège de vire en symbiose avec le corail…
Parmi les 25% d’espèces marines qui vivent dans les récifs coralliens, certaines ont l’immense plaisir de vivre en symbiose avec le corail. Parmi ses espèces :
Le gobie jaune est un petit poisson herbivore pas plus grand d’un pouce ! Son rôle auprès du corail est le protéger d’un envahisseur pas très commode : les algues tueuses, alias les algues chevelues, alias les chlorodesmis fastigiata (un peu moins fastoche à prononcer, on vous l’accorde…). Toujours est-il que ces algues tueuses sont un vrai fléau pour le corail puisqu’elles sont capables de l’envahir en un rien de temps ! 😳
Pour survivre à cette attaque, le corail peut compte sur son acolyte le gobie jaune. Pour le faire intervenir, il lui suffit de lui envoyer une alerte. Mais attention, pas n’importe qu’elle alterne ! En effet, le SOS créé par le corail est une transmission de signaux chimiques, ici des odeurs. Lorsque le gobie sent le SOS odorant du corail, il s’empresse de se rendre à l’endroit où les algues se sont installées pour les déloger en les… mangeant ! (Ils prennent leur rôle de garde du corps très au sérieux.) 😅
En échange, les coraux offrent aux gobies une maison sûre qui les protège de leur prédateur. De plus, en mangeant l’algue nocive pour le corail, le gobie devient à son tour nocif pour ses prédateurs. Donnant-donnant, encore une fois ! 🤝
💡 Une étude réalisée par des scientifiques de l’Institut de Technologie de Géorgie a montré que les gobies ne répondent pas aux SOS de tous les coraux ! En effet, ils sont capables de différencier l’odeur émisse par leur corail de celle des autres. Magique !
Vous l’avez tous vu dans le dessin animé Némo, alors on ne vous apprend rien : les poissons clown ont la capacité de vivre dans les anémones malgré leurs tentacules urticants. Eh oui, ces petits poissons rayés beaucoup trop mignons sont protégés du poison des anémones, car leur peau sécrète du mucus. Ce mucus leur permet de vivre tranquillement dans les anémones, les cousines préférées du corail !
En effet, les anémones font parties de la même famille que les coraux constructeurs de récifs, puisque ce sont, elles-aussi, des cnidaires. En revanche, contrairement aux coraux durs, les anémones n’ont pas de squelette, uniquement des tentacules urticants ! ☠️
Si le poisson clown est toléré par l’anémone, ce n’est pas pour rien : il y vit, oui, mais il y fait aussi le ménage et la défend de ses prédateurs (comme le poisson papillon). 💪🏼 En échange, le poisson clown est protégé par l’anémone. Leur symbiose est telle que l’on dit que si un poisson clown quitte son anémone, cette dernière peut mourir. Et si l’anémone expulse le poisson pour loyer impayé, lui aussi peut mourir !
Autre coloc’ de choc du corail : l’éponge ! Ce petit animal (eh oui, c’est un animal !) vit dans les fentes des récifs coralliens.
Les éponges participent à la croissance des polypes en les aidant à ingurgiter de la nourriture. En effet, elles transforment les nutriments qu’elles mangent en déchets et les donnent volontiers aux coraux ! 🙂
En échange, le corail donne à l’éponge un endroit où elle peut se développer sereinement en étant à l'abri des prédateurs. Il l’aide également à se structurer grâce à la forme de ses fentes.
Le corail est un écosystème qui évolue au milieu d’autres écosystèmes ! Ici, nous allons nous pencher sur la relation entre trois écosystèmes majeurs : le corail, les herbiers marins et les mangroves. Mais avant ça, un point sur les herbiers marins et les mangroves :
Les herbiers marins, aussi appelés joliment “prairies sous-marines”, sont semblables à des prairies de pelouses sous l’eau. Composés de pas moins de 70 espèces de plantes différentes, les herbiers marins sont présents dans les eaux salées de tous les continents, à l’exception de l’Antarctique, et représentent 0,15% des fonds marins. Ils ont plusieurs rôles :
Les herbiers sont de vrais couteaux suisses qui ont un rôle écologique non négligeable tout en étant bénéfique à l’homme et à la biodiversité marine !
Les mangroves sont des forêts tropicales présentes le long des côtes et dans les estuaires. Elles accueillent une biodiversité très riche et sont, elles aussi, des puits carbone très efficaces ! Selon le WACA (Programme de gestion du littoral ouest Africain), chaque année, les mangroves stockent l’équivalent des émissions de carbone de 26 millions de voitures. En plus de ça, elles participent également à la protection des côtes en diminuant la force des vagues et celle des ouragans. 🌊
Tel un trouple (comprendre couple qui compte trois personnes), le corail, la mangrove et l’herbier marin vivent en parfaite symbiose, notamment dans les eaux tropicales. Le lien et la connectivité qui unie ces trois écosystèmes est même le gage de leur survie. On vous explique :
Vous l’aurez compris, chaque action d’un des trois composants est bénéfique aux autres ! C’est une vraie harmonie. Non, encore mieux, c’est une vraie symbiose ! 😊
Les coraux durs, coraux constructeurs de récifs, sont des professionnels des relations symbiotiques ! Que ce soit avec des végétaux, comme les algues, avec des animaux, comme les gobies, les éponges ou les poissons clown, ou encore avec d’autres écosystèmes, comme les herbiers marins et les mangroves, les coraux ne s’associent qu’avec des espèces qui leur veulent du bien et à qui ils peuvent offrir quelque chose en retour. De vrais altruistes ces coraux !