Ateliers pour apprendre à trier, sorties scolaires en forêt, potager dans la cour de récréation… l’éducation au développement durable à l’école peut nous évoquer une variété de souvenirs… ou rien du tout (eh oui, c’est possible). Dans cet article, on passe au crible vos souvenirs d’école d’il y a 20 ans ou 2 ans, de campagne ou de ville et surtout, on décortique le programme scolaire de vos enfants de la maternelle jusqu’à la fin du collège (car à partir du lycée, le tronc commun varie selon les filières). C’est parti mon kiki !
👉 Avant de commencer, on souhaitait remercier les enseignants qui ont partagé leur avis sur notre Recyclopédie, guide du recyclage plastique et qui ont souhaité l’utiliser comme ressource en classe. Ça fait partie de la volonté de Pimpant de rendre l’information simple et accessible gratuitement.
On a tendu notre micro (totalement imaginaire) à une vingtaine de personnes pour plonger dans leurs souvenirs d’école. Habitants de la ville, de la campagne, de 15 à 50 ans, d’écoles publiques et privées. Se souviennent-ils avoir parlé d’environnement à l’école ? Comment cette thématique avait-elle été abordée ? Voici quelques extraits :
🌳 Noah, 15 ans
Au collège, on parlé du respect de la nature et du réchauffement climatique. J'ai fait un exposé dessus avec ma classe.
🌇 Pierre, trentenaire
Absolument rien de mon côté. Gros collège, lycée de centre-ville... Juste tourné vers la perf (classement des élèves, tri…).
🌳 Baptiste, trentenaire
Ramassage sur les plages et la venue de la Ministre de l'environnement de l'époque : Corinne Lepage.
🌳 Ornella, la vingtaine
J’adorais aller à l’écomusée de la forêt à Gardanne ! J’y suis allée avec l’école, mais je demandais à y aller souvent en dehors de l’école parce que j’adorais, j’y ai fait des anniversaires et les sortes de centres aérés en été là-bas !!! Un super souvenir.
🌳 Margaux, la vingtaine
On a appris à trier à l’école primaire avec une association pour appliquer ça à la maison. On a étudié la faune et la flore des Marais de Carentan. Peut-être qu’en étant en pleine campagne, on avait un accès plus facile à la nature.
🌇 Céline, la vingtaine
Je me rappelle de la SVT au collège et de la classe découverte en primaire : on est partis à la mer à Portbail. On avait fait de la pêche à pied, puis ensuite, on les avait tous libérés. On a fait des balades où on a observé les plantes etc.
🌳 Amandine, la quarantaine
Visite de ferme pour aller faire des cueillettes de pommes. Je ne me rappelle même plus si on les a mangées ;)
🌇 Maxime, la vingtaine
À part une visite d'une ferme en primaire, je n’ai rien fait d'autre.
🌳 Florence, la quarantaine
Pas grand-chose… C'est plus les activités en dehors de l'école qui m'ont appris plein de choses, les balades dans la nature, apprendre la saisonnalité en plantant et récoltant des fruits et des légumes, en allant cueillir les primevères dans les chemins au printemps, apprendre à pêcher raisonnablement pour ne pas tout détruire etc.
🌳 Axel, la vingtaine
Honnêtement, je n’ai pas souvenir d'avoir eu quelque chose en lien avec l'environnement. On nous a parlé du tri sélectif, ça c'est sûr, mais je crois que c'est tout. On nous a parlé de l'énergie en primaire et on a eu un atelier à Areva pour nous montrer comment alimenter une led avec une barre de cuivre plantée dans un citron.
Vous voyez le point commun entre tous ces témoignages ? La pratique. Les activités ludiques. Les sorties. Les jeux. Oui, lorsque l’on va à l’école, c’est indéniable, on apprend grâce à la SVT le fonctionnement du vivant et de la Terre. Quand on en sort, on a acquis un socle de connaissances. Et pourtant, ce que l’on retient le plus, c’est la pratique : la dissection en SVT (plus ou moins bon souvenir, on vous l’accorde), les visites en forêt, au musée, à la ferme, à la mer ou encore les ateliers pratiques (tri sélectif, énergie, potager).
Le souci, c’est que l’on ne semble pas tous être sur le même pied d’égalité quant à l’éducation au développement durable. Les écoles n’ont pas toutes le même accès à la nature, les mêmes moyens financiers, les mêmes professeurs. Par contre, on a tous accès au même programme scolaire. Si l’éducation au développement durable paraît absente dans les souvenirs de certaines personnes ayant quitté l’école, qu’en est-il aujourd’hui ? Que dit le programme ?
On a fouillé le site de l’éducation nationale (quelle idée farfelue !) pour tomber dans les archives de l’éducation au développement durable (alias l’EDD).
L’éducation au développement durable “permet d'appréhender la complexité du monde dans ses dimensions scientifiques, éthiques et civiques. “ L’objectif de l’enseignement ?
Aider les élèves à mieux percevoir :
La notion d’éducation à l’environnement apparaît dans les programmes scolaires en 1977. Elle se développe progressivement pour entrer dans le Code de l’Éducation en 2013. L’éducation au développement durable devient ainsi une mission de l’École. C’est un enseignement transversal, ce qui veut dire que vos enfants l’abordent au sein d’autres matières comme la géographie, l’art, l’histoire, l’anglais etc.
En 2020, l’Etat renforce l’EDD avec… un Agenda EDD 2030. Le but ? Renforcer le programme scolaire (notamment pour parler climat et biodiversité) et les offres de formation pour les enseignants, l’élection d’éco-délégués dans les écoles ou encore la création d’un réseau de partenaires pour aborder ces thématiques en milieu scolaire.
L’école maternelle favorise l’apprentissage par le jeu, la résolution de problèmes concrets, l’exercice, la mémoire. On y apprend à parler, à vivre ensemble, à découvrir le monde et tout un tas d’autres choses ! L’une des thématiques du programme : “Découvrir le monde” qui nous entoure, d’abord à petite échelle avec la classe, puis à plus grande échelle avec la mer, la campagne etc.
“Cette exploration des milieux permet d’interroger les gestes du quotidien, de faire prendre conscience aux élèves d’interactions simples, de les initier à une attitude responsable (respect des lieux, de la vie, connaissance de l'impact de certains comportements sur l’environnement, etc.).”
👉 À la fin du cycle, vos enfants connaissent des animaux et végétaux, leur développement et leurs besoins.
À l’école primaire, on apprend à maîtriser la langue française écrite et parlée, mais surtout : on apprend à interroger le monde.
C’est pendant l’école primaire que l’on commence l’enseignement moral et civique. On y apprend à respecter autrui, la création et le respect des règles pour bien vivre ensemble, la justice et l’injustice, l’égalité par le débat, l’argumentation, l’échange. On apprend à devenir citoyen “en découvrant le respect des engagements envers soi et autrui, en adoptant une attitude raisonnée fondée sur la connaissance, en développant un comportement responsable vis-à-vis de l’environnement et de la santé.”
L’un des piliers de l’enseignement à l’école primaire est “Questionner le monde”. C’est ici que ça devient intéressant ! On y apprend à questionner et à observer le monde avec une démarche scientifique, à adopter une attitude éthique et responsable, à différencier minéral/ animal/ végétal, à connaître les différents états de l’eau, à étudier les interactions entre les animaux :
Bref, on apprend à comprendre le monde (pour peut-être mieux en prendre soin ?).
Là, on devient GRAND. On a commencé à comprendre le monde et à le questionner. Le cycle 3 a pour objectif de consolider notre socle commun de connaissances et d’aider nos enfants à effectuer une transition en douceur entre la 6ᵉ et la 5ᵉ. En gros, il a pour but d’enterrer à jamais la phrase “La 6ᵉ sera l’année la plus dure !” (qu’au passage, on nous répète en 2d… puis en terminale.)
C’est la première fois qu’on y lit “éducation au développement durable” “étude des systèmes naturels et techniques”. L’enseignement entre dans le cadre de la formation de la personne et du citoyen. Et là, on rentre dans le concret !
On voit qu’il y a clairement un cap de franchi entre le cycle 2 et 3. On remet notre mode de vie en question, on prend du recul sur l’impact de nos gestes et on applique des gestes concrets.
La cycle 4, c’est un peu le moment où l’on se forme, où l’on se “fait la main”. On apprend, on crée, on teste, on se trompe, on réitère. Le tout, dans un climat de confiance et d’entraide. C’est aussi le cycle où l’on commence la SVT (Sciences et Vie de la Terre) et la Physique-Chimie. 🌈
En Français apparaît le module “Regarder le monde, inventer des mondes “ où l’on étudie des récits d’anticipation dans lesquels les auteurs partagent leurs interrogations, angoisses et espoirs, notamment en matière d’environnement. On s’interroge aussi sur la question suivante “L’être humain est-il maître de la nature ? “ grâce à des poèmes du Moyen-Âge à l’époque classique ou des photos qui témoignent de l’évolution des paysages. En cours de Français, on apprend aussi à bien s’informer grâce aux médias dans le module “Informer, s’informer, déformer ? “. Le programme scolaire propose de prendre pour support de travail des articles de presse traitant du réchauffement climatique.
En Langues Vivantes, le module “École et société” propose d’étudier la place de l’environnement dans le quotidien d’élèves d’autres pays : rapport à l’eau, aux déchets etc. On peut également aborder les caractéristiques géographiques et la biodiversité des pays dont on étudie la langue : les parcs nationaux par exemple.
En Arts plastiques, on propose d’aborder l’impact des usages numériques en étudiant les nouvelles formes de créations artistiques numériques.
En Histoire de l’art, le programme propose d’étudier l’évolution du rapport de l’Homme à la nature en se penchant sur l’art du paysage, par exemple.
En Enseignement moral et civique, il y a beaucoup de nouveautés ! À la “culture de l’engagement” est ajouté “l’engagement pour l’environnement”. On y voit apparaître le rôle “d’éco-délégué” : un rôle endossé par les élèves qui a pour but d’inciter à mettre en place des projets éco-responsables au sein de l’établissement scolaire. Dans cet enseignement, on aborde également le rôle du citoyen en tant que consommateur.
En histoire-géo, cela devient en peu plus concret puisqu’on analyse les grands changements de modes de vie qui ont eu lieu au cours de l’histoire.
Après l’analyse vient la compréhension grâce à la Physique-chimie (puis la SVT). On y aborde :
L’éducation au développement durable devient le fil conducteur de cet enseignement. L’objectif :
Le programme suggère d’utiliser comme exemple :
En maths, un grand paragraphe tout vert a été rajouté à la description du programme. Il concerne le changement climatique !
“Les problématiques liées au développement durable, au changement climatique et à la biodiversité doivent figurer au cœur des préoccupations. Dans ce contexte, les outils de descriptions (ordre de grandeur, échelles, représentation graphique, volume, proportion…) et les applications ou exemples de contextualisation proposés aux élèves permettent de mener une réflexion sur ces problématiques. “
Au sein de cette matière, le changement climatique sera étudié grâce aux notions suivantes :
Ce qu’on retient du cycle 4 ? C’est complet mais quand même bien chargé pour réussir à tout intégrer en 10 mois (même les adultes ne font pas tout ça !).
Et voilà ! Maintenant, vous savez tout ce qu’il y a au programme, de la maternelle jusqu’en troisième. Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que le programme semble avoir beaucoup évolué et que toutes les nouveautés au programme concernent le changement climatique. Par contre, rien qu’en le lisant d’une traite, on se rend compte de la densité des enseignements. Tout arrive d’un coup, dans un contexte où les journées sont longues, où l’on met la pression avec le brevet. Si des exemples sont suggérés aux enseignants, cela soulève une autre question : quelles ressources pédagogiques ont-ils à disposition pour créer leurs cours ? C’est l’une des remarques qui est souvent revenue lorsqu’on a sorti notre Recyclopédie “On manque de ressources”. Est-ce pareil à la maison ? Quelles ressources pouvez-vous utiliser pour parler d’environnement avec vos enfants ? Ça fera l’objet d’un nouvel article ! On vous tient au jus !
Sources :