Mis en avant début janvier 2023 par un rapport fait par l’ONG Générations Futures, les PFAS, appelés plus communément les “polluants éternels”, font l’objet d’un projet d’interdiction par l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques). Encore à l’étude à ce jour, ce projet d’interdiction devrait déboucher vers une réglementation stricte d’ici à 2025. 🇪🇺
Qu’est-ce-que les polluants éternels ? Où les trouve-t-on ? À quoi servent-ils ? Quels sont les effets des PFAS sur l’environnement et la santé ? Quelles règlementations pour les polluants éternels ? Nous répondons à toutes ces questions dans notre nouvel article du Journal de Bord !
Digne d’un membre de l’armée de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom (Voldemort, vous l’aurez compris), les PFAS sont des substances polyfluoroalkylées et perfluoroalkylées produites par l’homme. Ces substances chimiques font partie d’une grande famille puisqu’on estime qu’il existe pas loin de 4 700 molécules différentes ! 😳
Massivement utilisées dans de nombreuses industries et produits de consommation depuis les années 50, ces substances chimiques possèdent des atouts intéressants puisqu'elles sont résistantes à la chaleur 🔥 , imperméables 💧 , mais aussi antiadhésives.
👉🏼 Où trouve-t-on les polluants éternels ?
Comme dit plus haut, ces derniers sont très présents dans diverses industries : dans les emballages alimentaires pour leur qualité antiadhésive, dans les textiles ou dans les cirages pour chaussures pour leur pouvoir imperméable ou encore dans les mousses anti-incendie pour leur résistance à la chaleur. On peut également en retrouver dans les produits phytosanitaires et dans d’autres industries comme la cosmétique, l’aviation ou l’automobile. Bref, vous l’aurez compris, l’industrie raffole des PFAS !
Voici une liste non exhaustive des produits du quotidien dans lesquels vous pouvez retrouver des PFAS :
Le problème avec les PFAS, c’est qu’elles ont une composition chimique redoutablement stable : une fois rejetées de manière directe ou indirecte dans la nature, elles ne disparaissent pas. 😳 On considère aujourd’hui que les PFAS sont présentes partout et que les hommes y sont exposés quotidiennement, que ce soit sur leur lieu de travail, à leur domicile ou dans la nature.
👉🏼 C’est cette stabilité chimique sans égale qui vaut aux PFAS le surnom de “polluants éternels”.
Étant présents dans de nombreuses industries, les PFAS finissent par polluer les différents écosystèmes via des déchets générés par des produits de consommation en début et/ou en fin de vie. Ils sont également rejetés dans l’air et dans l’eau par les usines de fabrication. On les retrouve donc en masse dans les eaux superficielles (étang, lacs, océans, mers, etc.), mais aussi dans l’air et les sols.
Voici comment nous pourrions illustrer le cycle de pollution des PFAS de manière simple :
👉🏼 Des études ont montré que l’alimentation est la principale source d’exposition aux PFAS ! Poisson, produits de la mer, lait, œuf, eau… Les polluants éternels n’épargnent rien et personne.
Dans son enquête, l’ONG Générations Futures met d’ailleurs en avant que la pollution des cours d’eau superficielle ne fait qu’augmenter. En effet, en 2011, une étude de l’ANSES sur les polluants éternels montrait que 25% des eaux étaient contaminées, aujourd’hui, nous sommes à 36% des cours d’eau contaminés. En France, tous les départements sont par ailleurs concernés, à l’exception de 5 : la Guadeloupe, la Martinique, le Tarn, la Corrèze et de la Dordogne. Quand on sait qu’⅓ de l’eau potable en France vient des cours d’eau superficielle, on a de quoi s’alarmer ! 😳
💡 L’enquête de Générations Futures alarme également sur le fait que seulement 5 des 4 700 molécules chimiques soient surveillées en France.
Vous l’avez compris, les effets néfastes sur l’environnement sont la pollution des écosystèmes et, par prolongation, d’une bonne partie de ce qui constitue notre alimentation.
Pour ce qui est des Hommes, une exposition à ces composants chimiques, même à faible dose, peut avoir plusieurs effets néfastes sur la santé : problèmes de thyroïde, système immunitaire plus faible (maladies à répétition), efficacité des vaccins diminuée chez les enfants, fonctionnement du foie perturbé, risque de cancer plus élevé, dysfonctionnement du système reproductif et hormonal, etc. Le coût annuel de cette exposition massive aux PFAS pour la santé publique européenne serait d’entre 52 et 84 milliards d’euros…
💡 Pour en savoir plus sur les conséquences de la pollution aux PFAS sur la santé et sur l’environnement, nous vous recommandons le film Dark Water, sorti en 2019.
Face à ce problème d’une ampleur mondiale, l’Union Européenne, et principalement cinq pays (Danemark, l'Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et Norvège) ont présenté une proposition pour limiter l’utilisation de l’ensemble de ces substances. La proposition propose deux scénarios et concernent pour le moment 14 secteurs d’activités :
1️⃣ Accorder un délai de 18 mois aux entreprises pour leur laisser le temps de trouver des alternatives aux PFAS.
2️⃣ Prévoir une transition plus ou moins longue en fonction des industries et des alternatives aux PFAS possibles (minimum 18 mois pour la cosmétique, par exemple, et maximum 12 ans, pour les dispositifs médicaux).
La proposition vise à interdire 10 000 composés polluants. Dans les deux cas, le but est le même : en finir avec les polluants éternels.
À ce jour, l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) a pris compte de la proposition des 5 pays membres de l’Union Européenne et le 7 février 2023, une proposition officielle a été publiée son site. Alors, quelle est la suite ?
👉🏼 Une consultation publique va être lancée le 22 mars 2023 et cette dernière va durer 6 mois. Pendant 6 mois, les acteurs individuels ou collectifs qui sont passivement ou activement concernés par ce projet sont invités à participer au débat. 🙂 On pourra donc y retrouver les entreprises concernées par les PFAS, mais aussi les ONG qui dénoncent la pollution aux PFAS (comme Générations Futures). À l’issue de cette consultation, les comités de l’ECHA vont émettre un avis sur la proposition et le transmettre à la Commission européenne. La Commission européenne aura ensuite le mot final et tout le processus devrait déboucher sur une réglementation officielle de l’utilisation des PFAS courant 2025 ! 😌
🇫🇷 De son côté, le Gouvernement français soutient la proposition des 5 pays membres et a publié en janvier 2023 un plan d’action ministériel sur les PFAS. Voici les grands axes sur lesquels il compte agir :
Si nous continuons sur cette lancée, les pays membres de l’UE à l’origine de cette proposition estiment qu’il pourrait y avoir pas moins de 4,4 millions de tonnes de PFAS rejetés dans l’environnement d’ici à 30 ans. Les conséquences pourraient être terribles, autant sur la santé que sur les écosystèmes. Il ne nous reste plus qu’à espérer que les choses bougent et rapidement ! Réponse d’ici quelques mois.