« Ce rêêêêêêêêêve bleuuuuuu… C'eeeeeeest un nouveau mooooonde en couleurs » 🎶
Non, on ne parle pas d’une balade merveilleuse sur un célèbre tapis volant… mais plutôt d’une créature marine au sang bleu atypique : la limule ! Son nom ne vous dit rien, mon capitaine ? C’est normal : on parle là d’un véritable fossile vivant qui existe depuis des centaines de millions d’années… Oui oui, vous avez bien lu : la limule a survécu aux dinosaures et aux astéroïdes ayant attaqué la Terre ! 🤯
Dans cet article, Juliette vous plonge dans l’univers fascinant d’un animal pas comme les autres : l’inimitable limule au sang bleu, mesdames et messieurs !
Elle ressemble à s’y méprendre à un crabe qui aurait fusionné avec une tortue, mais que nenni ! Loin d’être un crustacé, la limule appartient à la famille des arachnides (qui regroupe les araignées, les scorpions, les acariens et les opilions). Dans le milieu, on la surnomme “fer à cheval”, à cause de sa forme… Sympa.
Les limules sont détritivores : autrement dit, elles se nourrissent de détritus marins (poissons morts, mollusques, débris organiques… elles se contentent de peu !).
C’est simple. Prenez une grosse carapace, enfouissez cinq paires de pattes en dessous munies de pinces, une queue pointue eeeeet vous obtenez… une belle tête de limule !
Les limules ne sont pas de grandes exploratrices : elles coulent des jours heureux (enfin ça, c’était avant) dans les eaux peu profondes. Histoire de pouvoir sortir de l’eau et pondre leurs œufs incognito, quand ça leur chante (comme les tortues de mer, yes !).
La limule est un être vivant qui possède plusieurs particularités. La première ? Eh bien, cette drôle d’espèce a bien roulé sa bosse sur la planète Terre ! Car la limule fait partie des animaux les plus vieux du monde : elle serait apparue sur Terre il y a 450 millions d’années ! Cette longévité lui vaut d’ailleurs le doux surnom “d’animal fossile”. On espère qu’elle n’est pas susceptible !
Attention, toutefois : si la limule existe depuis la nuit des temps, sa durée de vie moyenne se situe entre 20 et 30 ans.
💡 Bon à savoir
La limule a traversé les âges en restant fidèle à sa forme préhistorique (l’évolution, très peu pour elle…). En tout cas, ça lui a plutôt bien réussi !
L’autre grande particularité des limules, c’est leur sang bleu vif. Il est fortement chargé en cuivre - et plus précisément en hémocyanine, le pigment respiratoire des mollusques et crustacés. Bizarre, vous pensez ? Eh bien, ses propriétés exceptionnelles ne s’arrêtent pas là…
Le sang des limules présente un fort intérêt biomédical pour une raison simple : il permet de détecter certaines bactéries dans le sang ! En effet, le sang de la limule coagule en cas de contamination bactérienne… Ce qui lui permet de révéler en un éclair les bactéries toxiques présentes dans les médicaments, les vaccins, le matériel chirurgical… De quoi savoir assez rapidement quand un produit médical présente un danger pour l’Homme ! Pratique.
Comme tous les êtres vivants hors du commun, la limule fascine les scientifiques (un peu comme la méduse immortelle ou l’axolotl, qu’on étudiait précédemment).
En raison de ses caractéristiques exceptionnelles, le sang des limules est utilisé depuis les années 60 par l’industrie pharmaceutique. Un intérêt qui finit par se transformer en menace. En 2016, la limule est classée comme “vulnérable” par l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Rien d’étonnant à cela : chaque année, plus de 500 000 limules sont capturées. Rien que dans la baie du Delaware, le nombre de limules a chuté de 75% ces quarante dernières années…
Une fois délestées d’une partie de leur sang (environ 30%), les limules sont relâchées en mer. Malheureusement, certaines, trop affaiblies, ne se remettent pas de leurs mésaventures !
D’autres facteurs, comme la raréfaction des plages (dû à l’élévation du niveau de la mer) ou l’eutrophisation de l’eau peuvent aussi contribuer à la disparition des limules.
À l’heure actuelle, le sang bleu de la limule est particulièrement précieux. On estime qu’un litre de sang de limule (également appelé lysat d’amébocyte de limule (LAL)) peut coûter jusqu’à 15 000 euros…
Problème : de nombreux animaux (poissons, mais aussi oiseaux) se nourrissent des œufs de la limule, et en sont donc dépendants. Favoriser l’extinction d’un animal aussi historique à cause de la surpêche, ce n’est pas seulement cruel et sans éthique : c’est tout bonnement contre-productif et dramatique pour l’équilibre des écosystèmes marins !
Clairement victime de son succès, la limule au sang bleu n’a pas fini de fasciner les scientifiques et les Hommes ! Oui, mais voilà : après avoir survécu à plusieurs grandes extinctions de masse, ce fossile vivant est menacé par… l’Homme. Seul espoir pour continuer de profiter de la limule sans favoriser son extinction ? Remplacer le sang bleu des limules par des substituts de synthèse. Pour le moment, ce n'est pas encore gagné !
