Avez-vous déjà entendu parler de la ferme biologique du Bec Hellouin ? Très médiatisée, il faut dire que cette petite ferme située en Normandie (dans l’Eure) est assez unique. Sa particularité ? Elle pratique la permaculture et l’écoculture.
Ses fondateurs, Perrine et Charles Hervé-Gruyer, sont de grands défenseurs du maraîchage biologique. Aujourd’hui, on part à la découverte de cette micro-ferme expérimentale qui fascine le monde agricole (mais pas que !).
“On peut produire énormément, même sans pétrole !”. Quand on interroge Perrine et Charles Hervé-Gruyer, à l’origine de la ferme du Bec Hellouin, ils sont unanimes : leur nouvelle approche permet de faire rimer agriculture manuelle et artisanale avec abondance.
Leur ferme voit le jour en 2006. À l’époque, Perrine et Charles sont loin d’être des experts en agriculture : l’une est juriste international, l’autre marin. Mais, au fil du temps, le couple ressent le besoin de renouer avec la nature, et se passionne pour l’agriculture – qu’ils ne connaissent guère. En l’espace de 15 ans, ils plantent près de 4 000 arbres fruitiers dans leur ferme (aux centaines de variétés différentes).
C’est alors un vrai jardin d’Eden qui prend forme… grâce à la permaculture ! Très vite, Perrine et Charles Hervé-Gruyer se font connaître grâce au rendement exceptionnel de leurs cultures.
La permaculture n’est pas une technique de jardinage, ni un nouveau mode d’agriculture.
Comme l’explique Perrine Hervé-Gruyer, c’est “un système conceptuel consistant à reproduire les principes de fonctionnement de la nature et à les appliquer dans un système économiquement viable, environnementalement durable et dans lequel l’être humain va s’épanouir”.
En pratique, la permaculture consiste à associer plusieurs cultures pour qu’elles s’entraident entre elles en s’apportant leurs nutriments. Il peut s’agir par exemple de tomates qui poussent à côté de basilic ou de fruits de la passion… Popularisé en France grâce à la ferme du Bec Hellouin, le concept de permaculture (soit “culture permanente”) existe en fait depuis près de 50 ans. Il a été théorisé dans les années 70 par l’Australien John Jeavons – qui parle alors de microagriculture bio-intensive, plus respectueuse de la nature et de ses besoins 🌱.
💡 Bon à savoir
Dans la permaculture, le design est très important ! Les différents éléments de la ferme (animaux, points d’eau, cultures…) doivent être interconnectés pour que l’ensemble fonctionne et se transforme en un écosystème équilibré. Il est donc primordial d’associer les cultures de manière astucieuse. C’est pourquoi, jusque dans les serres de Charles et Perrine, on retrouve des espaces naturels, comme des mini-jardins créoles composés de figuiers ou de plantes grimpantes, de plantes aromatiques… Les serres d’habitude artificialisées redeviennent naturelles à la ferme du Bec Hellouin. Celle-ci possède même un poulailler… Eh oui, car les poules permettent de composter certains déchets organiques de la serre ! Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme, comme on dit 😃.
Dans la ferme du Bec Hellouin, tout est fait à la main pour éviter de labourer le sol. Aux tracteurs, Perrine et Charles préfèrent, par exemple, la traction animale opérée par leur jument – une solution plus douce, moins énergivore et plus respectueuse des sols.
Mais ce n’est pas tout ! Dans cette ferme pas comme les autres, on est adepte du low-tech (dont on vous parlait dans un article précédent). Autrement dit, Perrine et Charles privilégient les outils simples et écologiques - comme la compagnole, qui permet de travailler la terre tout en respectant la structure et la vie du sol. Cette volonté d’alléger au maximum l’impact environnemental de la ferme se solde, en retour, par une fécondité exceptionnelle 🤩.
💡 Charles et Perrine se considèrent plus comme des chasseurs-cueilleurs-paysans ou des arboriculteurs que des maraîchers (grâce aux milliers d’arbres qu’ils ont plantés au fil des années).
Comme l’explique Charles Hervé-Gruyer, la permaculture permet de produire plus avec moins. Eh oui : au fil des années, le couple constate qu’en travaillant à la main, il est possible, contre toute attente, de gagner en productivité ! Selon une célèbre étude INRA menée avec Agro Paris Tech réalisée entre 2011 et 2015 à la ferme du Bec Hellouin, il est possible, en travaillant complètement à la main et avec des outils simples, de produire jusqu’à 55 m² de légumes par mètre carré cultivé.
Première conséquence ? La permaculture, en augmentant le rendement d’un m2 de légumes, permet d’accorder plus d’espaces… aux arbres et végétations diverses !
💡 Dans la ferme de bec-Hellouin, on retrouve par exemple une mini forêt-jardin. Il s’agit d’un système étagé qui suit le principe de la forêt naturelle. On y retrouve des petits arbres fruitiers, des buissons, des plantes aromatiques au sol… Ce système permet à toutes les plantes, quel que soit leur niveau, de capter la lumière !
Charles et Perrine ne s’en cachent pas : leur objectif à long terme est de rendre la permaculture connue (et adoptée) du plus grand nombre. Leur but ? Montrer que la résilience est possible et qu’il est tout à fait possible d’éviter les modes d’agriculture intensifs. Après avoir formé plus de 5000 personnes à la permaculture, le couple décide de réunir l’ensemble de ses connaissances dans un livre, publié en 2019 : Vivre avec la Terre.
☝️ Mais ce n’est pas tout : la ferme du Bec Hellouin sert aussi à la recherche ! De nombreuses études y sont réalisées dans le but de comprendre l’exceptionnel rendement de cette micro-ferme, la manière dont elle contribue à la biodiversité, etc. Bref, la ferme du Bec Hellouin est devenue un véritable lieu expérimental.
💡 Toujours selon l’étude menée par Agro Paris Tech et l’INRA, il suffirait de 1000 m² pour générer un revenu agricole mensuel net compris entre 900 à 1570 €, suivant le niveau d'investissement du maraîcher.
On l’aura compris, la permaculture revient à prendre la nature pour modèle – pour reprendre les mots de Charles Hervé-Gruyer. Il s’agit d’un système bio-inspiré éminemment vertueux. Car lorsqu’elle évolue spontanément, la nature atteint son climax (soit l’état naturel d’aboutissement d’un écosystème naturel)... et se transforme en forêt. Comme l’explique Charles Hervé-Gruyer, “plus on complexifie, plus on se facilite la vie. La nature va toujours vers des systèmes plus complexes — l’inverse de ce que fait l’agriculture moderne”.
C’est pourquoi, sur le long terme, il est préférable de suivre le mouvement de la nature, en associant des arbres, des animaux, des plantes à ses cultures… C’est cette diversité qui permet de créer un écosystème prolifique à même de s’auto-réguler. Aujourd’hui, 80% des nouvelles installations agricoles biologiques s’inspirent des micro-fermes. Un chiffre qui laisse un peu rêveur, non ?
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