Les scientifiques sont formels : le littoral français s’érode de plus en plus. Aujourd’hui, on estime qu’environ 27% des côtes françaises métropolitaines sont en érosion (et ces zones deviennent de plus en plus vulnérables avec le temps…). La population qui vit près des côtes est, bien sûr, la première touchée.
Mais qu’est-ce que ça veut dire, au juste, l’érosion littorale ? Comment expliquer que les littoraux changent d’aspect au fil des années ? On fait le point dans cet article !
L’érosion du littoral (pour rappel, par “littoral”, on désigne la zone de contact entre la terre et la mer), c’est, tout simplement, la mer qui grignote de l’espace sur la terre. Conséquence : les côtes reculent.
Ce phénomène dépend directement de deux choses :
En effet, le trait de côte (soit l'intersection de la terre et de la mer lors d'une marée haute) est fluctuant par nature. Il évolue et se déplace selon les saisons, les conditions météorologiques… En bref, l’érosion marine se caractérise par un recul de ce fameux trait de côte.
Il faut savoir que l’érosion frappe toutes les côtes françaises (qu’elles soient sableuses, calcaires ou granitiques). En cinquante ans, la France aurait ainsi perdu 30 km² du fait de l’érosion - mais toutes les régions ne sont pas touchées de la même façon !
💡 Par exemple, sur l’ensemble de la côte girondine, le taux d’évolution moyen du littoral serait de 2.5 m par an. Sur la sublime Dune du Pilat (qui est pourtant la plus haute dune d’Europe), on observe qu’avec le temps, la mer vient attaquer le pied de la dune (car elle prélève du sable et l’emmène autre part).
Bien que parfaitement naturel, ce phénomène s’est accéléré avec le temps sous l’action anthropique… Cette accélération a plusieurs causes (changement climatique, mauvais choix d’urbanisme littoral…).
L’érosion sur la côte sableuse
En fait, la côte sableuse est en mouvement perpétuel… depuis toujours ! Il y a des milliers d’années, des glaciers, en fondant, ont fragilisé les roches des montagnes. Ce phénomène a créé des sédiments, transportés jusqu’aux côtes par les rivières… Sous l’action des vagues et du vent, les plages se sont formées !
Jusqu’à aujourd’hui, le vent continue de déplacer le sable vers l’intérieur des plages. Les vagues, de leur côté, emmènent le sable vers le large. Autrement dit : sous l’action de la marée, des vagues, des courants et du vent, des échanges de sable ont lieu en permanence, notamment pendant les tempêtes !
Ce phénomène, que l’on appelle “mouvement sédimentaire”, est à la base du fonctionnement des plages, et ce dernier assure une répartition équilibrée du sable sur les côtes.
Oui, mais voilà : l’Homme peut perturber cet équilibre… et notamment le changement climatique, qui crée de plus en plus de phénomènes météorologiques extrêmes (comme les tempêtes) et cause l’élévation du niveau de la mer (induit par la fonte des glaces)... et tout cela favorise l’érosion des côtes sableuses !
L’érosion sur la côte rocheuse
Sur les côtes rocheuses, l’érosion est beaucoup plus lente - et varie grandement selon la nature de la roche. De nombreux facteurs peuvent favoriser l’érosion rocheuse (comme l’impact des vagues sur le pied des falaises, les travaux de terrassement…)
💡 À retenir
Plus les tempêtes sont fréquentes et violentes, plus elles accentuent le phénomène d’érosion. La raison :
126 communes françaises sont désormais concernées par l’érosion marine - et un quart des côtes françaises. C’est pourquoi un décret a été publié en avril 2022 au Journal Officiel afin d’instaurer des mesures préventives dans les communes concernées.
Par exemple, à Lacanau (Nouvelle-Aquitaine), la côte devrait reculer de 30 mètres d'ici à 2040. Autre symbole de l’érosion en France : les bunkers datant de la Seconde Guerre Mondiale que l’on peut observer sur le littoral girondin (sur la plage de Soulac-sur-Mer.) Autrefois construits au sommet d’une dune, ces derniers sont aujourd’hui immergés dans l’eau lorsque la marée est haute !
C’est bien simple. Une côte qui recule, ça a des répercussions directes sur les logements en front de mer - ce qui menace la sécurité des habitants et des infrastructures.
Par exemple, l’immeuble du Signal, situé à Soulac-sur-Mer en Gironde, est devenu un des symboles des effets de l’érosion. Cet immeuble a été évacué en 2014, car la dune qui le supportait risque, à tout moment, de disparaître sous l’eau !
Au-delà des pertes humaines et matérielles associées, l’érosion peut également provoquer des mouvements de terrain, des éboulements (notamment en cas d’érosion de côte rocheuse).
💡 D'ici à 2100, au moins 50 000 logements seront concernés par l’érosion en France !
Mais ce n’est pas tout. L’érosion peut aussi altérer la qualité de l’eau (et avoir un impact négatif sur les écosystèmes marins).
Face à l’érosion côtière (qui reste un phénomène assez inéluctable), l’Homme ne peut faire que s’adapter ! Plusieurs plans d’actions sont aujourd’hui mis en place à travers la France pour pallier l’érosion :
Cette démarche est aujourd’hui indispensable pour les communes qui dépendent du tourisme balnéaire et ont donc besoin de préserver leurs plages. Problème : il s’agit là d’une solution à court terme, extrêmement coûteuse.
📌 Bon à savoir
Certaines initiatives individuelles ont vu le jour ces dernières années. C’est le cas de Benoit Bartherotte - connu pour avoir investi depuis plus de 30 ans des millions d’euros dans la lutte contre l’érosion marine qui sévit au Cap Ferret. En 1985, cet ancien homme d’affaires a entamé d’énormes travaux pour contrer les courants marins du bassin d’Arcachon, et construit une digue de protection de 487 mètres, ainsi que des dunes artificielles.
Naturelle par essence, l’érosion marine est inexorable. Depuis toujours, les vagues apportent et enlèvent des sédiments sur les côtes… mais ce phénomène prend de l’ampleur à mesure que les tempêtes sévissent de plus en plus fréquemment !
Face à ce combat qui peut sembler perdu d’avance (on sait déjà que certaines régions côtières seront sous l’eau dans 100 ans), il est indispensable, pour les zones concernées, de prévenir le risque littoral, en établissant un plan d’actions à mettre en place dans les zones à fort risque d’érosion.
Mais la solution la plus efficace sur le long terme reste sans aucun doute de lutter au quotidien contre le réchauffement climatique et ses dangers - en réduisant son empreinte carbone par exemple !