Ce n'est pas un scoop : les algues sont des végétaux que l’on retrouve dans les milieux aquatiques (mers et océans, eaux douces…). Mais saviez-vous que ces petits organismes vivants regorgeaient de vertus (qui dépassent le domaine de l’alimentation) ? Eh oui : si l’Homme cultive les algues, ce n’est pas seulement par gourmandise ! Alimentation, énergie, lutte contre l’érosion, captation du CO2… Ces végétaux, qui possèdent de multiples bienfaits, sont utilisés dans de nombreux secteurs.
Dans cet article, on vous dit tout sur l’algoculture (soit la culture des algues marines) : ses pratiques, ses utilisations…
Au commencement étaient… les algues, ces petits organismes apparus sur Terre bien avant les dinosaures - c’est dire ! Eh oui : selon des découvertes scientifiques réalisées en Inde, la plus ancienne plante fossilisée connue (une algue rouge), aurait quelques 1,6 milliard d'années. Rien que ça.
Aujourd’hui, on compte des milliers d’espèces d’algues différentes qui devraient plutôt se compter en millions. En effet, l’Homme ne connait pas la majorité des espèces marines - dures à recenser par définition, car difficilement accessibles.
Les algues sont des végétaux particuliers. Elles ne possèdent ni racines, ni feuilles, ni fleurs, ni graines... Par contre, elles existent grâce à un processus bioénergétique bien connu : la photosynthèse - qui transforme l’énergie lumineuse en énergie chimique.
On classe généralement les algues selon leur couleur : on parle alors d’algue verte, d’algue rouge, d’algue brune...
Autre élément essentiel qui permet de distinguer les algues : leur taille. Il existe deux grandes catégories d’algues :
C’est simple : qu’elles soient grandes ou microscopiques, les algues renferment une biodiversité PHÉNOMÉNALE. On estime que ces organismes vivants (quel que soit leur milieu aquatique) contiendraient entre 70 000 et 10 millions d’espèces. Mais ce n’est pas tout : pour lutter contre le réchauffement climatique, les algues sont un allié de choix. À l’image des arbres, les algues captent le gaz carbonique grâce à la photosynthèse puis rejettent de l’oxygène !
💡 Dans un article consacré aux puits de carbone, on vous expliquait d’ailleurs que l’océan jouait le rôle d’un véritable puits de carbone naturel - notamment grâce à la photosynthèse opérée par le plancton végétal (qu'on nomme également "phytoplancton").
Surnommées aujourd’hui “l’or vert” de l’océan, les algues sont considérées comme l’avenir de l’alimentation, l’alternative ultime aux protéines animales… et à la pétrochimie, aussi ! Eh oui : en plus de capturer le CO2, les algues sont capables de réduire l’érosion littorale, permettent de fabriquer du plastique biodégradable, en plus d’être une alternative sérieuse au pétrole !
Le saviez-vous ?
Il est désormais possible de fabriquer des emballages en plastique biodégradables en six semaines, à partir d’extraits d’algues. On n’arrête pas le progrès !
Ce n’est plus un secret : les algues ne manquent pas de bienfaits pour la santé. Riches en fibres, en iode, en vitamines, en sels minéraux et oligo-éléments (zinc, potassium, magnésium etc), parfois même en protéines, ces organismes permettent de rester en bonne santé - voire de prévenir l’apparition de certains cancers selon certaines études. La richesse de ces organismes est telle qu’ils constitueraient une excellente alternative écologique aux protéines animales !
Dans le domaine de la santé, les microalgues sont aussi réputées pour soigner le stress, la fatigue, les troubles digestifs… Et sans surprise, elles sont présentes dans de nombreux compléments alimentaires !
Grâce à leur richesse nutritive, les algues permettent de nourrir les animaux d’élevage (voire de stimuler leurs défenses immunitaires !). Ces végétaux peuvent aussi être d’excellents fertilisants - une manière d’enrichir les sols de manière organique ! En prime, en raison de leur fort pouvoir gélifiant et épaississant, on retrouve les algues dans de nombreux produits alimentaires du quotidien (yaourts, soupes, sauces etc). Trois extraits d’algues sont particulièrement répandus : les hydrocolloïdes (agents de texture), les carraghénanes (agents d’épaississement et de stabilisation) et l'alginate (épaississant).
Comme elles regorgent de minéraux, de vitamines et d'acides gras, les algues ne peuvent avoir que des bienfaits pour le visage et le corps. Et puis, rappelons-le, certaines algues possèdent des pouvoirs épaississants particulièrement utiles dans l’univers des cosmétiques.
👉 Par exemple, les laminaires et les fucales sont riches en alginate (encore lui) - un épaississant qui peut faire office d’agent de texture. Mais les bienfaits des algues ne s’arrêtent pas là ! Dans l’univers du bien-être, on parle beaucoup d’algothérapie - une technique de soin qui se base sur les bienfaits des algues marines pour apaiser le corps.
La culture des algues suscite de plus en plus d’enthousiasme auprès de la communauté scientifique, et pour cause… Les microalgues pourraient potentiellement devenir la troisième génération de biocarburants ! Pour l’heure, cette piste est encore en phase de R&D (Recherche & Développement).
👉 Pour rappel, la première génération de biocarburants concernait la culture de mais, de soja ou de canne à sucre, tandis que la seconde désignait les déchets végétaux.
Comme évoqué plus haut, l’Océan est le plus gros poumon de la Terre. Il permet de capter une partie du CO2 que l’on émet - sans lui, la vie ne serait pas car il rend possible le phénomène de la photosynthèse... par lequel les organismes vivants utilisent le CO2 pour se développer et produisent de l’O2 (oxygène). Parmi ces organismes vivants, il y a bien sûr les algues ! En prime, les algues poussent très rapidement (parfois en 24 h !), contrairement aux végétaux terrestres. Quant à leur action, elle est encore plus productive !
💡 Selon le Programme VASCO, “ la capacité d’absorption d’un hectare de micro algues marines est environ dix fois supérieure à celle d’un hectare de forêt terrestre”.
Attention, néanmoins ! Comme tout dans la vie, les algues possèdent des forces et des limites. Leur principale faiblesse ? Certaines polluent pas mal… Par exemple, en Bretagne, on parle souvent de “marées vertes”, soit des échouages d’algues vertes. Problème : ces marées vertes sont une menace pour la santé publique (leur décomposition émet des gaz toxiques).
Comme son nom l’indique, l’algoculture consiste à cultiver des algues en masse (il peut aussi bien s’agir de microalgues que de macroalgues). Cette méthode a vu le jour au Japon dans les années 50. En pratique, il s’agit le plus souvent de faire pousser en pleine mer des algues sur différents supports (cordages, filets…) sur lesquels on a pris le soin de déposer des bébés algues. Six mois plus tard, si tout se passe bien, l’ensemencement initial peut produire plusieurs tonnes d’algues !
🎉 Cerise sur le gâteau : la culture des algues permet d’avoir un impact positif sur la faune marine, puisque ces organismes peuvent servir d’habitat pendant la pousse !
Bon à savoir
L’algoculture relève presque du miracle. Eh oui : entre les tempêtes, les bateaux qui passent et les prédateurs marins, il est tout bonnement impossible de prédire qu’une récolte se passera bien.
Le saviez-vous : près de 80 000 tonnes d’algues sont produites en France chaque année ! Les spécialistes du genre, ce sont les Bretons. C’est simple : 90% de la culture d’algues française se fait en Bretagne - notamment en Mer Iroise. Il faut dire qu’ils sont forts, ces Bretons. Ce sont les 10ᵉ plus gros producteurs au monde d’algues. Une prouesse, quand on sait que 99% des algues sont produites en Asie à l’heure actuelle. De vrais visionnaires.
Tout d’abord, la mer Iroise, qui borde le Finistère, fait partie des plus grands champs d’algues d’Europe (c’est le plus grand champ d’algues en France) - ce n'est pas rien ! On y recense près de 300 espèces d’algues différentes (et notamment de belles forêts de laminaires !). Sans surprise, c’est aussi l’endroit où l’on effectue le plus de récoltes. Ce que les goémoniers (des pêcheurs spécialisés dans la récolte d’algues marines) viennent y chercher avant tout ? Des laminaires, justement - des algues brunes recherchées pour leurs polysaccharides et alginates, des gélifiants alimentaires.
💡 L’industrie de l'algue est évaluée aujourd’hui à plus de 8 milliards d’euros par an… et ce n’est pas près de s’arrêter !
Si l’algoculture est en plein boom, c’est parce que les algues ne manquent pas de bienfaits ! Riches en nutriments essentiels, ces petits organismes possèdent un champ d’application immense. Alternative écologique au plastique traditionnel, au carburant et autres produits chimiques, l’algue a tout pour plaire. En prime, sa culture ne nécessite ni eau, ni engrais, ni pesticides. On comprend donc que se cache, derrière sa culture, de gros enjeux ! Face au commerce des algues de plus en plus florissant, il devient alors nécessaire de réguler l’algoculture (et sa récolte sauvage !).
Ainsi, comme l’agriculture avant elle, l’algoculture risquerait bien de tomber dans certaines dérives industrielles, sans une réglementation adaptée. Ce qu’il faut absolument éviter ? Les monocultures déployées à grande échelle, destinées à reproduire une quantité limitée d’espèces… Une vraie menace pour la biodiversité marine !
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