Consommer plus, dépenser moins, consommer plus… Un vrai cercle vicieux - que l’on peut également appeler “effet rebond”. Attention, on ne parle pas ici d’une nouvelle tactique imparable pour battre votre cousin au ping-pong… mais d’un phénomène vicieux qui risque bien d’alourdir notre empreinte environnementale ad vitam æternam ! 😅
Vous aimeriez en savoir plus sur l’effet rebond et son impact sur notre transition écologique ? 🌿 On vous dit tout dans cet article !
À l’origine, l’effet rebond (aussi appelé le paradoxe de Jevons) est une notion économique, élaborée par l’économiste anglais William Stanley Jevons. Nous sommes en 1865 (en pleine révolution industrielle), et le postulat de William est simple : lorsque l’amélioration du rendement d’un bien ou service se solde par un accroissement de la consommation de ce bien ou service, on parle d’effet rebond.
À l’époque, notre ami William constate que la consommation de charbon continue d’augmenter en Angleterre, malgré l’introduction de la machine à vapeur de James Watt, qui offre pourtant un meilleur rendement énergétique. La raison ? Cette nouvelle machine à vapeur est si efficace… que son usage finit par se généraliser - ce qui booste la consommation de charbon en Angleterre.
💡 Au cœur du principe de l’effet rebond, réside un grand paradoxe. Comme le prouve l’exemple de la machine à vapeur de James Watt, un meilleur rendement énergétique peut résulter d’une hausse de la consommation… Ou comme le dira William Stanley Jevons : « L'idée selon laquelle un usage plus économe de combustible équivaudrait à une moindre consommation est une confusion totale. C'est l'exact contraire qui est vrai ».
En clair, une innovation qui permet de consommer moins d’énergie a de fortes chances d’augmenter la production énergétique globale liée à cette innovation.
👉 Eh oui : qui dit “efficacité énergétique” dit “baisse des coûts”... et donc explosion de la demande !
On l’aura compris, l’effet rebond efface les effets positifs d’une potentielle réduction de la consommation énergétique… puisqu’il rime avec une hausse de la consommation. Son impact sur l’environnement est donc forcément négatif !
Et pour être encore plus clair, voici quelques exemples concrets 👇
Difficile de ne pas mentionner l’Allemagne quand on parle d’effet de rebond ! Depuis plus de dix ans, son gouvernement investit massivement dans la rénovation énergétique de ses bâtiments (quelque 340 milliards d’euros ont été investis depuis 2010, tout de même). Pourtant, le constat est sans appel : la consommation énergétique des foyers allemands stagne - et avec elle, les émissions de CO2… La faute à l’effet de rebond - encore lui !
Eh oui ! D’après Le Monde, en 2010, un foyer allemand consommait en moyenne 131 kWh par mètre carré par an… VS 130 kWh en 2018. La raison ? Avec un chauffage plus efficace, les Allemands ont pris l’habitude de se chauffer davantage, en gardant le même budget !
« La 5G, c’est plus de débit, mais moins de consommation énergétique », affirmait le secrétaire d’Etat au numérique au média Le Monde en 2020. Problème : même s’il s’avérait, comme prédit par les experts, que la 5G consomme, pour la même utilisation, jusqu’à vingt fois moins que la 4G, l’effet rebond semble inévitable.
Car c’est un fait : grâce à la 5G, on peut consommer le même contenu, mais encore plus vite et en consommant moins d’énergie. Résultat ? Il y a fort à parier que les internautes en profitent pour changer toujours plus de contenu, de plus en plus vite… Ce qui ne réduira en rien notre consommation globale, comme nous alerte le Haut Conseil pour le Climat ! Bref, c’est le mythe de Sisyphe, version 2023.
Les chiffres laissent rêveurs. Entre 1960 et 2000, l’émission de CO2 d’un avion a baissé de 60%. En effet, grâce aux progrès technologiques, les avions modernes ont besoin de moins de kérosène qu’avant pour fonctionner, comme l’explique Le Nouvel Obs. Oui, mais voilà : une telle baisse des coûts s’est alors soldée par l’essor du marché low cost… et avec lui un boom de la demande ! In fine, le trafic aérien n’en a été que décuplé… et il continue aujourd’hui de battre tous les records.
💡 Le samedi 29 juin 2018, le trafic aérien a battu un record sans précédent, en recensant près de 202.157 vols au cours d’une seule journée. Du JAMAIS VU !
On vous en parlait dans un article précédent dédié au caractère écologique du télétravail : en modifiant notre quotidien (et en supprimant le trajet domicile-travail notamment), le télétravail nous offre de nouvelles opportunités… de consommation !
Eh oui : travailler depuis son salon implique nécessairement de consommer plus de chauffage, plus d’internet, de garder la télé allumée peut-être… ou de réaliser plus de longs week-ends loin de chez soi (incluant parfois des trajets en avion !). Autant d’exemples qui montrent que le télétravail, vertueux sur le papier, peut faire grimper notre consommation énergétique individuelle.
💡 Comme l’affirme Jean-Marc Jancovici dans sa BD Un Jour sans Fin, il n’existe aucune énergie qui ne soit foncièrement propre. En effet, selon l’expert, “toute énergie devient sale lorsqu’elle est utilisée à grande échelle. N’importe laquelle”.
Oui et non ! Comme on l’aura vu, l’effet rebond concerne de nombreux aspects de notre quotidien. Mais ce n’est pas une raison pour être fataliste ! Comme toujours, la clé du changement se trouve aussi dans nos comportements individuels.
Décider de consommer moins, même quand on pourrait consommer plus. Avoir comme objectif constant d’alléger son empreinte environnementale (pour de vrai). Et, plus que tout, avoir conscience de l’existence de l’effet rebond pour le réduire au maximum, à notre échelle… sont autant de bonnes pratiques pour tendre un peu plus vers le progrès - le vrai, celui qui n’est pas seulement technologique, mais aussi dans notre mentalité !