Saviez-vous que les conséquences des gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique étaient multiples ? Fonte des glaciers, hausse du niveau de la mer... et acidification des océans ! "Quèsaco", nous direz-vous ? Derrière ces mots complexes se cache un phénomène pas si naturel, aux lourdes conséquences sur la planète et la biodiversité marine. Explications 🤓.
Dans un article précédent consacré aux puits de carbone naturels, on expliquait que l’océan était surnommé “le poumon bleu” de la Terre... puisqu'il absorbe environ 25% à 30% du CO2 produit par l'Homme ! Problème : ce qui était une bénédiction permettant de réguler le climat devient avec le temps un véritable pépin. La raison est simple : le CO2 est la principale cause de l’acidification des océans... Du coup, plus l’océan absorbe du CO2, plus son pH diminue… Et devient acide !
Mais d'abord, quelques bases de chimie👇
Toute solution aqueuse possède un pH (potentiel d’hydrogène) compris entre 0 et 14, allant du plus acide au plus basique. Quel est le rôle du pH ? Il consiste à indiquer la concentration en ions oxonium H3O+ d’un liquide, ainsi que son degré d'acidité ou de basicité. Par exemple, le jus de citron est réputé acide (son pH est autour de 2) et l’eau de javel réputée basique (son pH est autour de 13).
👆 Par définition, l’eau de mer est basique, car son pH se situe autour de 8,1. Le problème, c’est qu’on constate que le pH a baissé de 0.1 unité entre 1850 (soit le début de l’ère industrielle) et aujourd’hui… Ce qui équivaut à une acidification de +30%.
💡 L'échelle du pH est dite “logarithmique”. Autrement dit, une diminution du pH, aussi minime soit-elle, provoque une grande augmentation de l’acidité.
C’est simple comme de l'eau de roche ! Rappelons qu'il existe plusieurs gaz à effet de serre — et parmi eux, le dioxyde de carbone (CO2) (également appelé “gaz carbonique”). Grosso modo, le CO2 que nous émettons (quand on brûle du pétrole, du charbon ou du gaz) ne reste pas toujours dans l’atmosphère ! On estime que 25 à 30% de ce CO2 est absorbé par les océans (ce qui explique pourquoi on les surnomme les “poumons bleus” de la planète).
Oui mais voilà, comme l’activité industrielle de l’Homme ne fait qu’augmenter (et avec elle, notre émission de CO2), les océans absorbent aujourd’hui des quantités astronomiques de CO2… Ce qui cause leur acidification !
💡 Depuis le début du développement industriel, on estime que l’acidité des océans a augmenté de 30% en moyenne. Selon les experts, cette acidité pourrait augmenter de 150% d'ici à la fin du siècle ! 😰
L'océan absorbe le CO2 via deux mécanismes :
Il y a d’un côté un procédé physico-chimique qui se produit quand le CO2 se dissout au contact de l'eau. Grâce aux courants et tourbillons qui se forment naturellement dans la mer, le CO2 se transforme en acide carbonique (CO2+H2O = H2CO3). C’est cet acide-là qui interagit avec d’autres éléments de l’océan et modifie son niveau d’acidité. Ces éléments ne restent pas en surface ! Ils sont entraînés dans les tréfonds de l’océan et finissent par constituer à la longue ce qu’on appelle des “stocks de carbone”. Le CO2 (dioxyde de carbone) a donc changé de forme et le carbone est toujours là !
Mais il y a également un procédé mécanique qui permet d’absorber le CO2, notamment grâce au phytoplancton qui absorbe le gaz carbonique grâce au processus de la photosynthèse.
💡 Pour en savoir plus sur le fonctionnement des puits de carbone naturels, n’hésitez pas à consulter notre article dédié !
On pourrait légitimement se demander “en quoi l’acidification des océans est un problème ?”
Tout d’abord, ajouter du gaz carbonique à l’océan revient à modifier sa chimie ! Après tout, comme le dit le vieil adage, “rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Le CO2 que l’on émet plus que de raison finira toujours quelque part… Et justement, une fois absorbées par l’océan, les molécules du dioxyde de carbone (CO2) se mélangent avec les molécules d’eau (H2O). Résultat ? Ça donne de l’acide carbonique (H2CO3). Or, comme cette combinaison est instable, elle se divise en deux ions : les H+ (ions hydrogène) et les H1CO3. Problème : les H+ ont le chic de s’accrocher aux CO3 (carbonate de calcium) présents dans l’eau… Ce qui va prive alors les organismes marins à coquille de ces CO3. Malheureusement, ces derniers sont indispensables à leur survie. C'est un véritable engrenage qui se crée !
💡 On appelle ce phénomène la calcification. Plus l'océan devient acide, moins il y a de carbonate… Or, ce carbonate est nécessaire à la fabrication du calcaire et à la survie de certains organismes comme le phytoplancton. (C’est d’autant plus problématique que le phytoplancton permet justement d’absorber le CO2 de manière mécanique…)
👉 AUTREMENT DIT : l’acidification des océans met en péril la survie d’organismes marins absolument essentiels à la biodiversité marine. L’acidification des mers est particulièrement menaçante pour les récifs coralliens et certains planctons.
Les premières espèces concernées par l’acidification des mers sont les petits organismes qui possèdent des coquilles ou des squelettes calcaires (comme les coraux ou les mollusques). La raison est simple : les coquilles de ces organismes sont indispensables à leur survie. Quant aux poissons, ils sont d’abord touchés par l’acidification de manière indirecte, mais certaines études soulignent déjà l’impact de l’acidification sur les perceptions et comportements de certains poissons.
📌 Ce qu’il faut retenir
Toute la chaîne alimentaire se trouve perturbée par l’acidification des océans. À la base de cette chaîne, on retrouve le phytoplancton (ou “plancton végétal”) et le zooplancton. Les poissons se nourrissent de ce plancton et en ont besoin pour survivre. Autrement dit, dans la mer, absolument tout est relié et le moindre changement chimique peut avoir un impact colossal sur certains micro-organismes — et la biodiversité marine, de manière plus générale.
La seule façon de limiter l’acidification des océans est de réduire sans plus attendre les émissions de CO2 anthropiques (autrement dit “produites par l’Homme”). Cette démarche doit se faire bien sûr au niveau national et international, mais elle commence par des actes individuels.
Par exemple, vous pouvez commencer par calculer votre empreinte carbone et adopter de nouvelles habitudes pour diminuer votre impact écologique.
Quelques conseils pour réduire vos émissions de gaz carbonique :
Bref, on peut tous et toutes agir au quotidien pour préserver l’équilibre des océans, sans supprimer son confort ou chambouler ses habitudes !
L’océan est le poumon bleu de notre planète. Il s’agit d’un immense puits de carbone qui nous permet d’absorber une partie du CO2 émis par l’Homme. Oui mais voilà, lorsqu’il absorbe notre gaz carbonique, l’océan provoque des réactions chimiques produisant de l’acide carbonique. La production anthropique de CO2 atmosphérique mène donc inéluctablement à une acidification des océans…. Ce qui crée un cercle vicieux : plus on produit du CO2, plus l’océan en absorbe, et plus l’océan devient acide… Conséquence ? La biodiversité marine (notamment certains micro-organismes essentiels comme les crustacés et les coraux) s’en trouve menacée.
🎉 La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est pas trop tard. On peut tous et toutes réduire nos émissions de CO2 et freiner ce processus. Mais du coup, on s’y met quand ?
Plongée vers la culture de coraux pour les préserver
Pourquoi faire une journée mondiale de l'océan le 8 juin ?
Infographie : Comment nos déchets plastiques rejoignent-ils l'océan ?
Ces associations engagées pour l'océan qui nous tiennent à cœur
Comment se reproduisent les coraux ? Spoiler : comme les poules en pondant des œufs !